La méditation, une nouvelle thérapie ?
« Il n’est pas anodin d’entendre dire que la méditation est une technique de relaxation. C’est effectivement une façon de concevoir les choses dans la mesure où elle permet d’entrer en contact avec un état de détente ayant comme impact une diminution voire une disparition du stress. Notre bien-être global est de fait amélioré ! »
Annie Devisme, professeure de méditation et membre du collectif Copleni, a répondu à toutes nos questions !
Méditation et relaxation, quelles sont les différences ?
Si l’on se réfère à la définition même du mot « relaxation », il existe des antagonismes sur lesquels il est important de faire la lumière. La relaxation est définie comme une méthode visant à obtenir une détente par le contrôle conscient du tonus physique et mental afin d’apaiser les tensions internes et de consolider l’équilibre mental. L’emploi du mot « méthode » n’est pas approprié car il sous-entend d’une part une démarche raisonnée, et d’autre part, un moyen pour parvenir à un résultat. Par ailleurs, il n’est jamais question en méditation de contrôle.
En effet, la méditation vient du latin « Meditare » qui signifie « contempler ». Il n’y a aucun effort à fournir, aucune méthode à suivre pour atteindre un résultat puisque le résultat est dans la pratique elle-même. On peut néanmoins parler de pratique pour se libérer de pensées et d’émotions désagréables (et non pas négatives – une émotion n’est jamais positive ou négative).
Ainsi la méditation est incontestablement liée au spirituel au sens de l’esprit et de l’observation du mental. Elle nécessite une capacité à lâcher prise afin d’en apprécier pleinement les bienfaits.
Mais quels sont donc ses bienfaits ?
Le plus connu est évidemment son impact sur le stress. Dans le domaine des neurosciences, la méditation a une action inhibitrice de la sécrétion du Cortisol, autrement connu sous le nom « d’hormone du stress ». Le stress étant un facteur aggravant dans nombre de pathologies, la médecine se tourne de plus en plus vers la méditation en complément des traitements conventionnels.
Dans le cadre d’une dépression, il convient de souligner que la méditation intervient après une phase aigüe. En effet, les personnes souffrant de dépression vont trouver cela très difficile de méditer et de se concentrer. Cela est dû au fait que leur cerveau est ralenti. Ainsi, on préconisera la méditation comme prévention dans le cadre des dépressions chroniques pour prévenir une éventuelle rechute.
Par ailleurs, la méditation s’avère particulièrement efficace dans la gestion de la douleur, non pas en la réduisant elle-même mais sa perception. En d’autres termes, en réduisant la peur d’avoir mal, on a effectivement moins mal. Les femmes enceintes, par exemple, ont de plus en plus recours à la méditation pour gérer la douleur et la peur de la douleur pendant l’accouchement.
Mais la méditation est avant tout une formidable pratique pour appréhender notre bien-être global sous un jour nouveau ! La méditation de pleine conscience notamment nous apprend à observer et vivre l’instant présent sans se soucier du passé qui ressasse les blessures et les nostalgies, ou du futur qui anticipe des scénarios souvent catastrophes. Vivre le moment présent, c’est apprendre à lâcher-prise, accepter la situation telle qu’elle est et ne pas résister.
Y a-t-il beaucoup d’idées reçues autour de la méditation ?
Il y en a plusieurs, en effet ! Lorsque je commence une nouvelle classe de méditation ou un accompagnement individuel, je vois souvent des personnes réfractaires à l’idée de méditer à cause des idées reçues dont la méditation est victime. En voici quelques-unes :
« Je suis débutant » : On pense souvent qu’à force de pratique, on gravit des échelons pour devenir un maitre dans l’art de méditer. Or, il n’en est rien. Dans la mesure où, comme nous l’avons vu, la méditation n’est rien de plus que l’observation de notre être intérieur et extérieur, notre observation d’aujourd’hui sera différente de celle d’hier ou de celle qui viendra demain. Chaque expérience est unique. De ce fait, en un sens, nous sommes toujours débutants et j’encourage chaque personne souhaitant se mettre à la méditation à se positionner comme tel. Les découvertes que vous ferez lors de chaque pratique pourraient être fascinantes !
« Quand on médite, il ne faut penser à rien » : On parle souvent de « faire le vide » mais cette tâche pourrait s’avérer bien plus ardue que vous ne le pensez. En effet, nous avons en moyenne entre 60,000 et 65,000 pensées qui nous traversent par jour. Autant dire que ne penser à rien relève de l’impossible.
En revanche, la méditation consiste à contempler ses pensées et les laisser nous traverser sans commentaires, ni jugements. Nous avons tout à fait conscience qu’elles sont là mais nous faisons en sorte qu’elles ne prennent pas le dessus sur nous. Eckhart Tolle, auteur du best-seller « Le pouvoir du moment présent », nous dit que nous ne sommes pas le penseur mais son observateur. Et d’ajouter que « dès l’instant où vous vous mettez à observer le penseur, un niveau plus élevé de conscience est activé. »
« Pour ressentir les bienfaits, il faut méditer longtemps » : S’il est vrai que les recommandations de Christophe André (psychiatre et psychothérapeute, grand maitre de la méditation de pleine conscience) seraient de méditer 20 minutes par jour, je pense que dès lors que l’on fait l’expérience de l’instant présent, nous ouvrons une porte sur un nouveau niveau de conscience. Une pratique de 10 minutes, 3 minutes ou même une expérience de 10 secondes pourraient faire une grande différence.
Que se passe-t-il dans notre cerveau quand nous méditons ?
Les études en neurosciences se multiplient pour démontrer l’impact de la méditation sur notre cerveau et il est aujourd’hui possible de dire qu’elle peut modifier la structure de notre cerveau et sa capacité à se restructurer. On appelle cela la neuroplasticité.
L’activité de certaines aires cérébrales est renforcée par la pratique de la méditation de pleine conscience. Outre l’augmentation des rythmes gamma dans le cortex préfrontal gauche, qui est une zone associée aux émotions positives, l’activité la plus notable se situe au niveau du cerveau émotionnel (ou système limbique) constitué de l’amygdale, l’hippocampe, l’hypothalamus et du cortex orbi frontal.
Dans le cadre d’une émotion désagréable (la peur par exemple), celle-ci est perçue par l’amygdale comme une menace à la stabilité émotionnelle. Elle prend alors le dessus et éteint la zone du cerveau qui nous rend rationnel face à cette émotion. La zone frontale du cortex est dès lors incapable de planifier une réponse logique à l’émotion. L’amygdale produit une réponse immédiate (par exemple, fuir devant un lion) et remplit notre corps d’adrénaline et de Cortisol (l’hormone du stress). C’est ce qu’on appelle communément « agir sous le coup de l’émotion. »
En pratiquant la méditation, vous allez ralentir la connexion entre le déclencheur émotionnel et l’amygdale, et réactiver votre cortex pour donner une réponse logique et non émotionnelle. Avez-vous déjà entendu dire qu’il fallait prendre quelques instants pour respirer profondément dans un état de stress ou de panique ? En faisant cela, vous êtes déjà dans une pratique méditative de pleine conscience.
Vous l’aurez compris, notre cerveau est un muscle qu’il convient d’entrainer au même titre que nos abdominaux ou nos cuisses. La méditation est donc à l’esprit ce que le sport est au corps.
Quels exercices conseillerais-tu pour commencer une pratique méditative ?
Aujourd’hui je vais vous parler de la pratique que j’ai appelée « la méditation du Pas Maintenant », au cours de laquelle, le méditant est toujours en observation du moment présent mais choisit de discipliner les différentes distractions auxquelles il pourrait faire face et leur dire mentalement, et avec beaucoup de douceur et de bienveillance « Pas Maintenant ». Je parle en particulier de distractions telles que :
- Les différentes pensées qui vont s’inviter dans votre contemplation du moment présent (la réunion de demain, la liste des courses, ce que j’aurais dû répondre à mon patron, etc.)
- Les distractions physiques comme le nez qui nous gratte subitement, l’envie de bouger ou d’ouvrir les yeux, etc.
- Les commentaires ou jugements que l’on s’adresse : « C’est long », « Je m’ennuie », « J’ai envie d’ouvrir les yeux », « Ça fait combien de temps », « Est-ce que je suis dans le moment présent ? », etc.
Dès lors que vous faites face à l’une de ces distractions, vous n’êtes plus dans le moment présent et ce n’est pas grave. Méditer n’est ni une compétition ni un exercice à réussir. Vous êtes tout simplement dans l’observation de votre mental qui a repris le dessus. Notez simplement que votre mental s’est quelque peu égaré et adressez-vous à ces distractions ; dites-leur simplement « Pas Maintenant », laissez-les partir, et revenez à votre contemplation.
N’oubliez pas que votre cerveau est un muscle et que vous devez le faire travailler comme n’importe quel autre muscle. Vous direz sans doute « Pas Maintenant » 20 ou 30 fois peut-être au début. Mais vous noterez qu’avec le temps, ce sera de moins en moins fréquent.
Ce qui compte réellement, c’est cet intervalle pendant lequel vous faites l’expérience du moment présent, cette rencontre avec votre Vous profond.
Merci à Annie Devisme, professeure de méditation à Bruz, en Bretagne (pour prendre rdv avec elle, rdv sur sa pratique)
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